MAGDA

[Interview by Tom Verhoeven]
Quand on veut réussir en tant que dj féminin, il vaut mieux adopter un nom qui commence avec M. Jugez vous-mêmes. D’abord il y a eu Marusha, puis Monika Kruse et n’oublions pas non plus toutes les Miss… Est-ce que Magda sera la prochaine M à figurer en tête d’affiche lors d’un événement important? Encore une fois: jugez par vous-mêmes!


On est mardi aujourd’hui. Tu t’es remise du week-end?

(rit) Absolument. Ca a été sans problème cette fois-ci. J’ai mixé à Manchester et Belfast. C’était très sympa bien que les gens y sont quand-même moins jetés qu’à Berlin. Chez nous, on a l’habitude de continuer jusqu’à deux heures de l’après-midi.


Et comment passes-tu le reste de ta semaine?

Ben, surtout en studio. Je travaille à mes propres sorties ainsi que pour Run Stop Restore, un projet que je fais avec deux copains (ses collègues de Minus, Marc Houle & Troy Pierce ndlr). Et puis j’invite pas mal de copains pour qui je cuisine (rit).


La compilation Minus tant attendue est enfin sortie. On y trouve ton tout premier track sous le nom de Magda. Qu’est-ce que tu nous concoctes encore, en solo ou avec Run Stop Restore?

Les projets pour RSR pour cette année-ci incluent un ep et un album. Sur Minus bien sûr. Je sors également un ep en tant que Magda et un cd mixé avec uniquement des sorties Minus. Attention, ce cd ne ressemblera en rien à mon travail habituel. Je vais utiliser Final Scratch et Ableton en combinaison avec le mixer Xone CTRL:92 d’ Allen & Heath, quelques plug-ins VST… Le plus de gadgets possible, quoi!


La première fois qu’on t’a aperçue en Belgique c’était en 2003 pendant les 10 Days Off, avec Richie Hawtin et Steve Bug…

(enthousiaste) Oui, je me souviens de ce set (rit)! Et je me souviens également de la place où on a organisé l’after avec tous ces gens de Gand, complètement saouls. C’était vraiment super.


Comment as-tu rencontré Richie?

On avait des amis communs. C’était en ‘97 je crois. Richie donnait une soirée toutes les semaines dans le bar où j’étais résidente. A la nouvelle année de ‘99 on a joué pour la première fois ensemble.


Comment est-il en tant que patron? On veut les détails croustillants.

Ben, on est surtout amis, il y a très peu de business là-dedans. En ce qui concerne les détails croustillants je dois vous décevoir. Ce n’est pas qu’il n’y en ait pas, mais on les garde pour nous (rit)!


Dommage! Dis-nous alors, est-ce que la vie en tournée te plaît?

Génial. Vraiment, je m’amuse beaucoup. C’est épuisant bien sûr mais j’adore voyager. Il y a eu des moments où on jouait quinze jours de suite, chaque soir. Plus longtemps que ça je ne tiens pas d’ailleurs. Richie a tellement l’habitude après toutes ces années que ça ne le dérange pas du tout. Il nous apprend l’endurance (rit).


Tu es d’origine polonaise, on a entendu des histoires de Detroit, de Windsor… et actuellement tu vis à Berlin. On te croit volontiers quand tu dis que tu aimes voyager.

Oui on dirait que je ne tiens pas en place (rit). A l’âge de neuf ans, je suis partie de la Pologne direction le Texas, à onze ans j’ai atterri à Detroit, puis j’ai fait mes études à New-York. Pour retourner à Motor City après car le dj’ing à New York ce n’est quand même pas la même chose. C’est peut-être à cause de l’histoire de la ville qu’il y a cette ambiance particulière qui règne à Detroit. New York est super aussi mais d’une autre façon. Et Berlin oui… A un certain moment j’en ai vraiment eu marre de la politique américaine et en plus je venais de faire deux sets qui m’avaient vraiment secouée. Ce n’est pas facile de rentrer à New York juste pour y entendre que tu n’as pas les bonnes licences pour ta soirée et bla bla bla, pendant que les Beat Streat afterhours sont ouverts de 3 à 16 heures à Berlin. Puis ça fait tellement de temps maintenant que j’ai adopté le son allemand…


Il y a tellement de musiciens ici, ça ne nous étonnerait pas que tu rencontres Ellen Allien chez l’épicier du coin.

C’est drôle que tu dises ça, justement je viens de la rencontrer. C’était hier. Le fait que tout le monde habite ici nous fait rire aussi. Berlin est vraiment la ville des dj/producteurs. C’est vrai que la ville est énorme mais tout le monde habite dans les mêmes quartiers on se croise donc forcément. J’habite par exemple juste en face des studios de Tiefschwarz et Tobi Neumann!


Tu as dû atterrir souvent dans des clubs techno avec Richie, non? Pour lui c’est facile de mixer un Technasia ou un truc dans le genre mais comment tu fais, toi, à l’heure de pointe?

Au début ce n’était pas facile de m’adapter mais aujourd’hui je sais ce qui marche et ce qui ne marche pas. J’essaie de comprendre le public (rit). Avec Final Scratch les choses sont nettement plus simples, car tu peux emporter beaucoup de tracks.


Et à part ça, quels sont les avantages du FS pour toi?

J’édite souvent des tracks, de presque tout en fait. Souvent environ trois quart d’heure avant de commencer (rit). Ou des trucs bruts d’Abelton, des tracks que des producteurs amis t’envoient par mail: tu peux mettre tout ce que tu veux dans ton mix comme ça. Et je ne gaspille plus autant mon fric à l’excès de bagage à l’aéroport (rit).


Tu ne prends plus de vinyles du tout?

Bien sûr que si. J’ai des problèmes chaque soir avec mon Final Scratch. Il y a toujours quelque chose. Tout ce chipotage pour l’arranger! La meilleure version reste la toute première mais la nouvelle 2.0 est vraiment très stable.


'Minimize to Maximize' out now on Minus/Lowlands

16.04.05: Magda & Villalobos @ Fuse